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Writer's pictureSylvain Lupari

UNISPHERE: TempUs (2021) (FR)

TempUs est conçu de façon à nous amener là où la MÉ nous a donné tant de frissons

1 The Calling for Dawn 9:25

2 Le Temps Retrouve 9:59

3 In Transition 8:33

4 Reflections 6:44

5 Post Meridian 11:35pm 8:00

6 Technical Instrument for Measurement of Existence 10:29

7 Reunification 11:19

(CD/DDL 64:36)

(E-Rock, New Berlin School)

C'est en 2015 que le duo Unisphere a établi sa marque dans l'échiquier de la musique électronique (MÉ) contemporaine avec un brillant premier album. Fortement inspirés par la période des années Schmoelling de Tangerine Dream, Rene Splinter et Eric van der Heijden ont aussi eu des influences de Vangelis à lessiver sur ce Endless Endeavor qui fut très bien accueilli par la critique, dont moi, et les fans du genre. Les deux compères remettent ça quelques 6 ans plus tard avec un album qui conjugue rythmes, mélodies, ambiances, éléments percussifs, ils sont nombreux, et solos de synthé rageurs dans un 65 minutes d'une MÉ explosive. Toutes ces qualités réunies font en sorte que TempUs se doit d'être considéré comme le plus bel album de MÉ accessible en 2021. Disponible chez Groove nl en CD manufacturé, ainsi qu'en format téléchargeable, ce petit bijou de MÉ appartient à la plume de deux excellents mélodistes. Magnifiquement structurée, la musique est de cette race narrative avec refrains et couplets qui s'affrontent dans des échanges sans paroles mais qui veulent tout dire.

C'est avec un rayon réverbérant et les vols d'oiseaux pépiant que The Calling for Dawn propose une lente introduction atmosphérique. Des effets de voix se greffent à cette ouverture qui va en amplifiant lorsqu'elle se fait absorber par une grosse nappe d'orgue qui la coiffe pour la propulser à la 3ième minute. Des coups assourdissants résonnent, répandant un nuage de poussières sonores d'où émergent des voix séraphiques. En fait, ça prend près de 4 minutes pour que The Calling for Dawn donne un signe de vie rythmique. Et encore là, ce rythme est hésitant. Ne sachant pas sur quel accord danser, il laisse une délicate flûte susurrer à nos oreilles la promesse de structures plus énergiques à venir. C'est le cas une minute plus loin. Profitant de l'appui d'éléments percussifs et de percussions électronique, le séquenceur fait alterner ses ions plus vivement dans une structure rythmique stationnaire. Les ions sauteurs se sont agglutinés en une masse drue et sautillent vivement, nerveusement sur une grande ligne oblongue qui ondule lentement. Des solos de synthé recouvrent cette fébrilité statique du séquenceur en tissant des formes harmonieuses. La chose qui saute aux oreilles sur ce premier titre est le pouvoir des percussions et du séquenceur dans la musique de TempUs. Le Temps Retrouve nous plonge dans une ambiance mélancolique avec des notes jetées sur le pavé par un pianiste cynique. Parmi les résonnances qu'elles éparpillent se tissent un voile dramatique, aidant le pianiste à cheminer dans ce sens. Ce titre qui respire les influences de Johannes Schmoelling se met en marche avec un rythme délicat, toujours appuyé d'effets percussifs métalliques, sur de bons arrangements, dont un magnifique mellotron flûté. Peu à peu, Le Temps Retrouve se détache de ces contraintes artistiques avec un rythme galopant et une structure de séquences vives, comme si frappées par un orfèvre ayant 4 mains, avant d'entreprendre son dernier tiers avec de très bons solos sur une structure devenue un brin saccadée. Après un 60 secondes d'ambiances navales, In Transition démarre en trombe avec un séquenceur déliant sa ligne de basses séquences et une autre ligne d'ions sautant vivement en ostinato dans un mouvement où ces lignes s'entrecroisent en décrivant des axes ondulatoires. Le débit est soit vif ou saccadé et galope d'une façon spasmodique sous de très beaux solos qui ensorcèlent mes oreilles. Devenu un peu désordonné, le rythme étend un tapis de petit pas nerveux dans une structure qui sonne tellement comme du Tangerine Dream que j'en ai eu la mâchoire décrochée. Les solos, multiples je dois préciser, sont tantôt suaves et en d'autres moments aigus comme si ils étaient sifflés. On dirait une jonction entre les présences de Schmoelling et Paul Hasinger, avec Chris Franke au séquenceur. Ahurissant de vérité!

Reflections est le seul titre d'ambiances sur TempUs. C'est aussi une longue introduction nébuleuse au colossal Post Meridian 11:35pm. Les percussions déboulent pour rouler maladroitement sur le tapis résonnant des ambiances de Reflections. Ce rythme nous est particulier pour l'avoir entendu dans les années Jive de TD! Le séquenceur fait pulser un ion en même temps que les orchestrations enveloppent cette texture améliorée par la présence du clavier. Une première harmonie flottante du synthé nous chante la pomme avec des pointes émotives stridentes qui obnubilent nos sens. La batterie électronique et le séquenceur continuent de marteler le rythme et les ambiances qui éveillent en nous des souvenirs de The Keep. Les solos toujours aussi pointus nous conduisent à une seconde partie de Post Meridian 11:35pm qui est nettement plus intense et plus dramatique. Tout un titre avec des solos magiques. Une ombre légèrement réverbérante est à l'affût de nos oreilles en ouverture de Technical Instrument for Measurement of Existence. Son élan flottant laisser tomber d'éparses accords limpides d'un claviériste songeur alors que tout autour rôdent des filaments bleutés. Cette lente introduction est programmée de sorte que le rythme se met à secouer nos haut-parleurs autour de la 3ième minute. Cette phase se déroule comme un nouveau Poland. Corde de basse saccadée, percussions spontanées, cymbales gazeuses et séquenceur qui se pousse avec des ions sautillant comme des œufs sur un convoyeur, le rythme est du genre arrêt et départ sous les régurgitations de cette ombre planante. Subitement, le temps s'arrête pour laisser liberté à une pléthore d'effets percussifs, de séquences et de percussions orientales défilant sous de puissants riffs atmosphériques. Toujours sans direction précise et s'accrochant à un tic-tac d'une grosse horloge en bois, Technical Instrument for Measurement of Existence fini par exploser quelque part après la 7ième minute pour offrir un rythme ambiant propice à de succulents solos de synthé. C'est dans une fusion entre le up et le down tempo que Reunification clôture TempUs. Les percussions jouent encore un rôle essentiel dans ce qui devient un bon rock électronique découpé en mode musique narrative qui est décoré par de belles boucles synthétisées et de très bons solos d'un synthé qui se veut mélodieux qui arrivent après une surexcitation du séquenceur et des percussions électroniques.

Bien que certaines phases soient totalement déjantées, je pense aux rythmes fusillés par des rafales de mitraillettes séquencées et aux solos de synthé joués comme les violons de Johannes Strauss, TempUs est construit de sorte que Unisphere nous intègre dans un univers familier pour offrir ce qu’il y a de plus progressif dans ses dernières 22 minutes. Un album très bien structuré par le duo Rene Splinter et Eric van der Heijden qui nous offre certes l'album le plus complet et le plus mélodieux de 2021, tout en nous rapprochant autour des merveilleux souvenirs du Dream.

Sylvain Lupari (25/11/21) ****¾*

Disponible chez Groove nl

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