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Writer's pictureSylvain Lupari

UWE RECKZEH: Mirror Images (2012) (FR)

Mirror Images est un puissant album d'une MÉ lourde et vivante qui ne peut nier la source de ses influences; Tangerine Dream

1 Mirror Images 11:40

2 Waiting Steelness 7:41

3 Contribution 10:04

4 Most Diversion 6:17

5 Imaginations 8:49

6 Always Sunday 6:50

7 Holding Sympathies 8:00

8 Tomorrow with no Morning 8:09

(CD-R/DDL 69:27)

(New Berlin School, heavy and lively EM)

On ne peut ignorer les parallèles entre la musique de Uwe Reckzeh et le berceau de ses influences. L'ensemble des œuvres du synthésiste Allemand s'en abreuvent sans pour autant les copier. En fait, la musique de Reckzeh dépasse les frontières abandonnées par les différentes formes de Tangerine Dream. Si Subsesizer explorait ce qu'aurait donné le son du Dream avec Peter Baumann sur Exit, MIRROR IMAGES nous donne plutôt un aperçu du Dream avec Johannes Schmoelling après l'ère Poland. Mélodieux mais porté lourdement par un superbe mariage de séquences aux multiples formes rythmiques et de percussions électroniques aux frappes teutoniques écrasées par de puissantes lignes de basse aux amples oscillations destructrices, ce dernier opus de Reckzeh est lourd et puissant avec des rythmes qui s'appuient sur des structures mélodiques évoluant à l'intérieur de canevas tissés de fines subtilités.

C'est avec un concert de brises enchantées irradiant dans un brouillard de particules irisées que débute MIRROR IMAGES. Tôt, des voix insoumises chantonnent dans cette bruine musicale d'où émerge une fabuleuse ligne de basse aux amples et juteuses oscillations. Le rythme s'installe avec une ligne de séquences dont les ions papillonnés épousent la furieuse tangente oscillatrice d'une ligne de basse qui alimente son rythme croissant avec l'arrivée de sobres percussions Teutoniques et d'une autre ligne de séquences aux touches sautillantes sous l'égide de solos torsadés. Nous mettons l'oreille dans la 2ième phase de la pièce-titre où le rythme tranquillise ses ardeurs et engraisse son approche harmonique avec des séquences qui tournoient en de courts spasmes saccadés sous les frappes plus tenaces des percussions qui harponnent une phase désarticulée qu'un synthé recouvre de ses harmonies divisées. Mirror Images dépeint à merveille les 55 prochaines minutes d'un album renversant. Et c'est un titre très fort, tout en nuance qui s'arrime à Waiting Steelness et à son rythme galopant sous des avalanches de percussions et des solos ululant dans une continuité rythmique et harmonique qui rappelle indéniablement le Dream de la période Schmoelling. Contribution continue de nourrir MIRROR IMAGES de séquences hypnotiques qui s'entrechoquent délicatement sous les cliquetis symétriques de cymbales. Le rythme est hyper mélodieux. Hypnotique, il dessine ses nuances dans les coloris d'un synthé dont les lignes de voix se fondent à des harmonies qui se perdent dans de fugaces solos. Très lourd, Most Diversion explose dans nos oreilles avec une intro bourrée d'un drame orchestral. Les percussions d'un genre claniques ajoutent une dimension surréaliste à ce titre dont les harmonies des synthés accrochent un sourire à l'oreille. On ferme les yeux et on imagine aisément ce que Tangerine Dream aurait pu sonner si Johannes Schmoelling serait resté avec un groupe qui nourrit les inspirations de Uwe Reckzeh. L'approche est explosive sur ce titre qui cherche constamment à sortir de son canevas rythmique.

On reste dans l'intensité avec le pesant Imaginations qui débute pourtant assez furtivement. Timides les lourds accords hésitent à valser avec des percussions dont les coups de sabots se perdent dans une ligne de basse aux notes qui mordent un rythme en évolution. L'ensemble forme une étrange chorégraphique rythmique à laquelle s'ajoutent de légères clés harmonisées qui tintent dans un tintamarre amadouable, alors que le synthé étend de beaux solos qui recouvrent ce rythme plus près du délire que de la poésie. Mais un rythme toujours harmonique qui respecte le schéma dessiné par le synthésiste Allemand depuis les premiers accords de la pièce-titre. Et plus on avance dans MIRROR IMAGES et plus on est subjugué par des structures aux rythmes et harmonies si près et pourtant si éloignés. Avec ses séquences qui peinent à tracer une figure rythmique soutenue, Always Sunday fini par crouler sous le poids de ses percussions alors que les ions séquencés sautillent avec obstination sur une structure rythmique dévastée par sa lourdeur. Vampirique, le synthé déploie ses solos ravageurs qui ondulent comme des spectres assoiffés de rythmes. Des rythmes de plomb qui nourrissent amplement ces solos qui semblent sortir des élucubrations d'un certain Edgar Froese. Lourd, riche et exquis! Les deux derniers titres nous amènent dans les dimensions plus exploratrices et intrigantes de l'album.

Holding Sympathies nous y conduit avec une guitare acoustique qui fait méditer ses notes sous un lourd manteau de brume irisée. D'étranges cloches faites d'un métissage d'accords métalliques brodent les contours d'une approche méphistophélique avant que le rythme ne déboule dans un sombre galop courroucé par des frappes de percussions soutenues et des séquences aux serpentins ardents qui ceinturent une chevauchée rythmique inondée de très beaux solos d'un noir aussi noir que les ténèbres. Et c'est cette ambiance qui se transporte jusqu'à l'intro de Tomorrow with no Morning et de ses souffles glauques qui respirent laborieusement sous un ciel noirci d'une nuée de battements aussi apocalyptiques qu'éclectiques. De fines séquences parviennent à y danser, circulant sans but dans un dense tapis de brume ocrée que des ondes de synthé balaient comme les regards d'un phare dans des ténèbres qui tranquillement se réveillent avec un rythme sourd. Mais trop peu trop tard, Tomorrow with no Morning ne respire plus que par notre souvenir d'une écoute que l'on va multiplier en remettant le compteur à la pièce-titre.

Sans l'ombre d'un doute, MIRROR IMAGES est une excellente surprise qui a failli passer inaperçue. C'est un puissant album avec un étonnant mariage éclectique de séquences, percussions et lignes de basse qui tissent des rythmes hallucinatoirement mélodiques. Les ambiances sont vivantes et riches, encerclant et embrassant ses rythmes dont les continuelles nuances et variances nous convainquent encore plus que les périodes post Tangerine Dream avaient toujours quelque chose à charmer. Merveilleux album de Uwe Reckzeh et hautement recommandable.

Sylvain Lupari (25/12/12) ****¼*

Disponible chez MellowJet Records

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