top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

UWE RECKZEH: Subsesizer (2011) (FR)

Ceux qui manquent les jours Exit et Trans Harmonic Nights de Peter Baumann, devraient jeter une oreille sur cet album

1 Kontiki 10:35

2 Subsesizer 12:32

3 World Without Rules 8:47

4 Heat Voyage 6:33

5 Friendly Jack 9:19

6 Second Give 6:30

7 Bingen Return 7:13

8 Oceanview 15:37

(CD-R/DDL 76:59)

(New Berlin School, E-Rock)

Les limpides tintements de verre qui amorcent Kontiki permutent en de superbes séquences qui s'entrechoquent et résonnent, formant le fascinant rythme chaotique de la pièce introductive de SUBSESIZER. Le rythme sautillant et titubant sous le poids de ces séquences aux bonds variables et aux tonalités hybrides, Kontiki étale ses 10 minutes avec de belles variations dans ses mouvements. Des changements tant harmoniques que rythmiques qui entrecroisent ou qui se faufilent entre des lignes de synthé aux refrains mélodieux se désagrégeant sous forme de solos et dont les poussières injectent une panoplie de sonorités parallèles. Ces solos flottent avec une envoûtante approche spectrale sur une structure rythmique aux permutations aussi subtiles qu'exquises. Fortement inspiré par Tangerine Dream, l'univers de Uwe Reckzeh flotte dans cette période où le Berlin School était en pleine transition, soit au début des années 80, avec un petit zest mélodique pour les années vintage. Un 8ième album créé dans le rythme bien plus que dans la mélodie, SUBSESIZER priorise une approche du séquenceur et des percussions trônant sur des mélodies qui pointent leurs harmonies avec une étrange limpidité pour une terre musicale fertile en rythmes percutants. Et selon moi il s'agit de son meilleur album à date, car pour la toute première fois il décortique des compositions sur de longues structures de temps. Ses compositions sont toujours aussi accrocheuses mais plus complexes où il étale ses lourdes et résonnantes approches du séquenceur dans de bons chassés-croisés rythmiques où s'accrochent de belles mélodies modulées dans ses souvenirs de Tangerine Dream.

Un dense manteau de brume iridescente recouvre l'intro de Subsesizer. Des arpèges carillonnés transpercent ce brouillard ondoyant, déterrant des pulsations qui gambadent dans leurs échos. Complexe et créative, la pièce-titre est conçue dans une fascinante diversité rythmique assaisonnée de percutantes réverbérations. Des séquences de verres, et d'autres avançant à pas de loups sous de discrets chœurs soumis, et des percussions tombant lourdement tracent le canevas embryonnaire d'un rythme fuyant. Un rythme qui se cherche dans cette longue intro et qui finalement éclot un peu après les 4 minutes sous forme de battements hypnotiques. Dès lors, le rythme prend une nouvelle tangente où les séquences tourbillonnent, les percussions résonnent et les cymbales tintent sur un rythme harmonique circulaire et oscillatoire qui monte et descend comme dans un hypnotique manège séquencé. Avec ses séquences limpides qui se mêlent aux roulements de tambours World Without Rules nous plonge irrémédiablement dans l'univers de Trans Harmonic Nights. Ces séquences qui y sont pianotées nerveusement et les synthés un brin symphonique qui y libèrent de brefs solos harmoniques tissent un univers musical tellement près que l'on croirait entendre un titre issu des sessions d'enregistrements de ce mythique album de Peter Baumann. Heat Voyage est une belle mélodie électronique qui s'amorce sur des séquences croissantes. Le rythme est arqué sur un maillage de pulsations, séquences et percussions, formant une structure aux lentes boucles oscillatoires avec de fines intrusions d'accords de claviers aux tonalités un peu honky-tonk. Suave, le synthé accouche autant de beaux solos mélodiques que de brume irisée qui les entourent, libérant des filets poétiques qui s'accrochent à de belles harmonies scintillantes. Simple mais très accrocheur!

Après une intro avec un brin d'innocence, la structure rythmique de Friendly Jack se déploie sous de lourdes séquences résonnantes dont les accords successifs, et parfois déviants, dessinent de longs serpents qui oscillent à travers des nappes et des couches de synthé aux saveurs de Tangerine Dream. C'est un long titre avec de fines variances dans sa structure où les courts solos de synthés et les percussions ajoutent une profondeur intéressante tout en l'éloignant de sa courbe minimaliste. Le rythme pulsatoire de Second Give nous plonge tout de go dans l'univers de Exit et de la pièce Network 23. C'est du rock, dur et très punchy avec de bonnes percussions et des séquences nerveuses alors que Bingen Return présente une structure plus mélodieuse avec des séquences de verres qui scintillent et épousent les effets des pulsations sourdes. Les nappes de synthé sont enveloppantes et laissent tomber un beau voile de poésie qui recouvre ce rythme sautillant parfois avec plus d'insistance. Une ode lyrique par un synthétiseur qui maintient le cap MÉ en injectant cette brume irisées et des souffles symphoniques alors que le rythme alterne entre sa force et sa réflexion sous une brise d'une chorale éthérée. Oceanview est le plus long titre de SUBSESIZER. Et comme c'est souvent le cas avec ces longs titres, il propose une structure de rythme évolutive avec des phases interchangeables. Ça débute avec des notes mélancoliques qui dessinent des songes sous les larmes d'une flûte onirique. Une lourde séquence bouscule cette fragilité méditative et guide Oceanview vers un rythme ambivalent où la pesanteur reste prisonnière de cette vulnérabilité poétique. Une aura spectrale flotte autour du mouvement dont la cadence tergiverse entre la chute des accords plus saccadés ou la retenue des accords plus ronds et lents ainsi que de l'ajout de percussions et l'écho de leurs frappes un peu feutrées qui étouffent sous les voiles de flûtes prêtresses de poésies éoliennes. Et ce mouvement alambiqué continue sa progression sur une structure en constant tiraillement où le rythme arrime une mélodie qui s'égare dans des dédales tant atmosphériques que rythmiques où les réminiscences mélodieuses de Baumann transpercent nos oreilles.

Minimaliste et mélodieux, rythmique et onirique, SUBSESIZER vogue sur l'ambiguïté de ses structures rythmiques et de ses approches harmoniques. L'une des grandes forces de Uwe Reckzeh est son art de moduler des séquences qui se subdivisent et s'entrecroisent pour se coller à des rythmes déviants, lourds et accrocheurs auxquels s'arriment les réflexions parfois contrastantes de belles mélodies. Un très bel album qui devrait plaire à ceux qui s'ennuient de l'époque Exit et Trans Harmonic Nights...

Sylvain Lupari (05/03/12) *****

Disponible chez MellowJet Records

142 views0 comments

Recent Posts

See All

Comments


bottom of page