“Cet album expose un paysage sonore complexe et impeccable, créant une œuvre titanesque”
1 Atlas' Push 3:41
2 Inside our Perspectives 3:32
3 Out in Space 4:14
4 Juno's Quiet Determination 5:18
5 Jupiter's Intuition 3:58
6 Juno's Power 4:09
7 Space's Mystery Road 4:18
8 In the Magic of Cosmos 2:07
9 Juno's Tender Call 3:42
10 Juno's Echoes 3:39
11 Juno's Ethereal Breeze 1:31
12 Jupiter's Veil of Clouds 5:17
13 Hera/Juno Queen of the Gods 4:21
14 Zeus Almighty 11:01
15 Jupiter Rex 1:36
16 Juno's Accomplishments 4:23
17 Apo 22 1:54
18 In Serenitatem 4:15
Decca – 4855038
(CD/DDL 72:58)
(Cosmic, Sci-fi, Orchestral, Cinema)
Des fois lorsque je me laisse emporter par un trop plein d'émotions, je dis à ma Lise ou à mon vieil ami Bernard; je connais des oreilles qui tueraient pour entendre ça! Et ça c'est JUNO TO JUPITER, le dernier album de Vangelis. Suivant les avancées cosmique de l'homme, comme avec Rosetta, le musicien Grec étale encore sa capacité à réaliser des œuvres titanesques qui butinent dans son imposante collection de musique. De Albedo 0.39 à Oceanic, en passant par China et Direct, JUNO TO JUPITER gravite entre les différents styles de Vangelis ainsi que ses époques. On a droit à du bon rock déroutant comme à ces denses passages atmosphériques agrémentés par de toujours soyeuses orchestrations. Les passages émouvants sont liés à la présence de la soprano internationale Angela Gheorghiu qui vient nous faire rêver à 3 reprises sur ce magnifique album d'un musicien intemporel.
Atlas' Push nous met tout de suite en appétit avec une ambiance cosmique où les bourdonnements de Juno mettent en perspective des moments de communication entre son équipage et le personnel de la NASA. Un petit clin d'œil à l'album China, les deux accords rescapés dans Chung Kuo, peut-être entendu dans le dernier droit du titre qui déborde dans l'ouverture de Inside our Perspectives, un excellent rock électronique soutenu par de bonnes percussions et une ligne de basse au langage Funky. Le synthé lance des solos et bribes harmonieuses sur un rythme lent et entraînant, quasiment de la lourdeur d'un bon effet stroboscopique dérivant entre deux sphères. C'est avec Out in Space que le visage philarmonique de JUNO TO JUPITER se pointe. Déjà, ces orchestrations sont poignantes avec des lents voiles, pensez à Antarctica, qui valsent avec ce filament d'arpèges lumineux ceinturant et empêchant de déborder ces percussions symphoniques qui sont bercées par un piano rêveur. Juno's Quiet Determination me fait penser à la marche aléatoire d'un canard dans une pieuse ambiance orientale. Un titre tranquille qui nous amène à Jupiter's Intuition, un titre atmosphérique orchestral. Par la suite, Vangelis nous propose un titre qui décoiffe par ses multiples couches philarmoniques. Juno's Power revient en force avec un rock électronique orchestral guidé par de bonnes percussions, de vifs staccatos et une harpe en déroute en arrière-plan des orchestrations. Intense dans ce mélange de Chariots of Fire et 1492 Conquest of Paradise, Juno's Power se verse dans Space's Mystery Road qui est un beau downtempo comme on entend sur Voices ou Oceanic. Bonne basse, percussions métronomiques et piano indiscret, on ne peut ne pas aimer! In the Magic of Cosmos est un prélude rempli de passion et d'émotions dont la structure sert de tremplin à la magnifique voix de Angela Gheorghiu qui glisse sur une harpe dans Juno's Tender Call. Frissons et larmes garantis. À tout le moins, un des deux!
Des effets électronique nous transporte aux frontières de Juno's Echoes, une procession astrale sur deux accords percussifs et une délicieuse basse synthé dont les relents harmonieux rappellent les murmures d'Angela. Des vents astraux, faisant tinter les bijoux argentés des carillons, des effets futuristes et des voix d'enfants promènent la brève destinée de Juno's Ethereal Breeze. De sombres brises le tire vers Jupiter's Veil of Clouds, dont les 2 premières minutes sont tissées dans une toile atmosphérique. Le piano suspend sa vision harmonique, semblable à Space's Mystery Road, afin d'insérer une série de battements circulaires qui revient avec plus de force dans son second tour. Les ambiances, toujours sur le point d'imploser sauvagement nous ramènent à la période jazz-rock progressif des albums Spiral et Albedo 0.39. Ce titre nous amène à Hera/Juno Queen of the Gods qui met aussi en scène la nouvelle Diva du musicien Grec. Sans avoir le même impact que Juno's Tender Call, ça reste un titre doux et poignant avec les gros timpanis grondant comme des tonnerres. Les tonnerres de Zeus qui nous amène à l'ouverture fracassante de Zeus Almighty. Ce titre, qui demande quelques écoutes afin de bien cerner la musique, est une longue saga orchestrale qui souffle le chaud et le froid en invoquant et tempérant les colères, comme la sagesse, de Zeus. Jupiter Rex achève les tourments avec des explosions symphoniques qui diluent les cris des cors. Toute cette explosion de passion nous amène à la 3ième présence de Mme Gheorghiu dans Juno's Accomplishments. Impériale, sa voix nous amène à virevolter d'ivresse sur une structure conçue pour qu'elle s'exprime dans la douleur des sopranos. Ça me fait beaucoup penser à Glorianna (Hymn à la Femme) au niveau de la puissance de sa voix qui arrive à me donner des frissons, surtout dans le dernier droit. In Serenitatem poursuit le court interlude cosmique de Apo 22, dans une finale imprégnée de sérénité. Pas grand musique, encore moins de rythme, dans ce titre ambiant qui se veut une finale aseptisée d'un très bel album qui commençait à manquer de souffle.
Manquer de souffle oui, mais pas assez pour devenir inintéressant, JUNO TO JUPITER expose une toile sonore complexe et sans bavures. Vangelis n'a pas perdu un iota de sa créativité en proposant un album d'une longue durée, près de 73 minutes, considérant ses standards de production. On enlève ces 20 minutes, et ça serait tout un chef-d'œuvre!
Sylvain Lupari (28/10/21) ****½*
Disponible chez Groove nl
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