“L'Apocalypse des Animaux est un album assez poétique et sensible qui à défaut d'être génial, est tout simplement divin”
1 L'Apocalypse Des Animaux- Générique 1:25 2 La Petite Fille de la Mer 5:53 3 Le Singe Bleu 7:30 4 L'Ours Musicien 1:00 5 La Mort du Loup 3:00 6 Création du Monde 9:51 7 La Mer Recommencée 5:30 Polydor | 831 503-2 (CD 34:34) (V.F.)
(Acoustic Electronic Tribal Music)
Je continue mon incursion dans l'univers de Vangelis (je sais, je suis lent) avec le très beau et un peu trop méconnu L'APOCALYPSE des ANIMAUX. Tout d'abord, un peu d'histoire. C'est pour les besoins d'une série de six documentaires sur le monde animal, paru au à la télévision française au tout début des années 70, que cette première collaboration entre Vangelis et Frederic Rossi accouchait de cette trame sonore. Encore membre d'Aphrodite's Child, Vangelis composait une bonne banque de musique dans son studio Parisien dont seulement une quarantaine de minutes furent sélectionnées pour donner plus de vie aux images de Frederic Rossi. La maison Polydor produisait un premier pressage vinyle en 1973, suivra une trentaine de pressage dont près de 10 éditions en CD et quelques bootlegs qui n'apporteront rien de plus à l'histoire musicale de cet album. Faut pas se laisser tromper par le rythme africain de la pièce d'ouverture pour porter un jugement sur l'ensemble de l'œuvre. Ce qu'il faut savoir est que L'Apocalypse Des Animaux- Générique ouvrait et terminait chacune des présentations de l'émission, d'où le rythme très animé par des percussions tribales qui tambourinent une danse païenne constamment mis à l'arrêt par des éclats dramatiques. Mise à part ce titre et l'ambiance burlesque de L'Ours Musicien, L'APOCALYPSE des ANIMAUX est fait de tendresse et de dentelle. La Petite Fille de la Mer est le premier vrai succès de Vangelis. On a tous, ou à peu près, entendu cette douce berceuse morphique qui harmonise ses délicats arpèges de verre qui tintent avec éclat à des notes d'une guitare aussi fragiles que les murmures éthérées des nappes de synthés que l'on confond aisément avec les chants des anges. Album plus acoustique qu'électronique, où les synthés tissent encore des ambiances de fond dans l'univers de Vangelis, L'APOCALYPSE des ANIMAUX est un recueil musical rêveur et très mélancolique qui tracera sans doute les sentiers pour un style que l'on appellera New Age quelques années plus loin. Tout aussi beau et soyeux, Le Singe Bleu refait tintinnabuler ces arpèges de verres qui virevoltent mollement dans les souffles d'une trompette qu'un bluesman a oublié sur la banquise de ses rêveries mélancoliques. C'est noir et sombre, tout comme le très solitaire La Mort du Loup et sa délicate approche de saltimbanque grec, et on y entend certaines fragrances qui obséderont les tourments de Decker dans Blade Runner. À l'époque, j'avais énormément de difficulté à écouter la face B. Je trouvais l'approche des résonances statiques de Création du Monde trop noire et l'ambiance assez atonale. La version CD m'a réconcilié avec ce titre qui étreint des figures d'ambiances inertes et en suspension flottant comme des ombres menaçantes. Aujourd'hui, l'univers de Steve Roach s'abreuve de ces mouvements éthérés qui sont propices aux introspections spirituelles. Derrière ce lent et lourd pattern ambiosphérique se cache une délicate mélodie morphique dont les lueurs crépusculaires et les accords perdus flottent avec hésitation dans les lents courants des synthés aux timbres graves, un style que Vangelis à si habilement développé au fil des années et qui a largement influencé les approches ambiantes de Brian Eno et Robert Fripp. La Mer Recommencée propose une approche aussi tranquille, mais plus limpide et musicale. J'aime l'effet des vagues que Vangelis dessine avec ses cymbales. Ça démontre à quel point l'homme était tout un visionnaire. Et il l'est encore! L'APOCALYPSE des ANIMAUX est le genre d'album qui divise les opinions sur les œuvres de Vangelis. Certains y déplorent son manque de vivacité alors que plusieurs aiment justement cette approche très poétique du musicien grec. J'ai passé par les deux camps. Le premier album que j'ai entendu de Vangelis était Spiral, donc vous imaginez ma tête avec cet album archi tranquille. Puis, un soir j'ai accroché sur la face A qui a tourné, mais tourné. Et lorsque Polydor a réintroduit l'œuvre en format CD, j'ai découvert la face B avec un certain délice. C'est un très bel album qui, à défaut d'être génial, est tout simplement divin. Admettons que l'écart est assez faible...
Sylvain Lupari (13/09/13) ***¼**
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