“C'est un bel album qui mélange habilement les instruments acoustiques africains à des instruments plus électronique”
1 La Fête Sauvage 38:35 Barclay France 823.756-2
(CD 38:35) (Mix of tribal and electronic moods)
Deuxième collaboration, après l'Apocalypse des Animaux en 1973, entre le cinéaste français Frédéric Rossif et Vangelis, LA FÊTE SAUVAGE est construite un peu autour du même principe que Fais que ton Rêve soit plus long que la Nuit, soit une longue mosaïque de 38 minutes où nichent une multitude de structures dans des ambiances de tumulte. Sauf qu'ici, une douzaine de titres, tous très bien séparés (en fait l'album aurait pu très bien avoir 11 titres bien distincts), tissent une mosaïque sonore où les rythmes tribaux africains sont habilement mélangés à des ambiances éthérées et où le cosmos flirte avec le lyrisme.
Et ça débute avec des tam-tams qui tempêtent sous les cors électroniques des synthés de Vangelis. Les harmonies qui serpentent en boucles sur un frénétique rythme de danse africaine sont du genre à forger des vers d'oreille. L'audace de Vangelis est d'unir des musiciens africains dans ses studios Londoniens qui vont y jouer du tam-tam, d'autres vont chanter dans le segment deux, dans un univers électronique. C'est dans l'esprit des années 70 avec une approche Disco, de dance Music qui plastifie un peu le style de Giorgio Moroder. Un autre segment de rythme Africain, plus dans le genre de Santana, vient faire bouger nos pieds vers la 12ième minute. L'horloge arrête à 2:27 où des chants et des percussions d'Afrique ensorcèle nos oreilles sous les charmes d'un synthé dont la mélodie très effacée reprendra son trône dans le superbe segment d'une dizaine de minutes (entre 18:12 et 27:18) où la voix de Vana Veroutis, que l'on a entendu dans Heaven & Hell, caresse nos oreilles avec autant de délicatesse que ces arpèges qui tintent tel des reflets miroitant. Les ambiances oniriques et celles d'une jungle en constante urgence de vivre s'échangent les rôles tout au long des 38 minutes de l'album. Il y a toujours ces moments où la ligne entre le cosmos et l'ésotérisme est à fleur de sons. Je pense notamment à cette section où une flûte aux essences asiatiques chantent sur un lit de percussions charmées par ces harmonies célestes. Ça fait très Kitaro! Quoique Kitaro soit venu bien après.
La section de Vana Veroutis, soit vers la 18ième minute, annonce les moments les plus sereins de cet album où nous avons toujours cette impression d'entendre du déjà entendu tellement ces bribes ont usées nos oreilles. Il y a de beaux moments de tendresse éparpillées dans ces minutes avec des ambiances sombres, même patibulaires, un peu comme si Vangelis voulait dénoncer les horreurs qui cimentent l'intérêt mondial sur le sort des jungles et de leurs habitants. Bref, un bel album qui existe sous différentes formes (certaines éditions présentent des extraits d'Ignacio tout en coupant la musique originale de ce film), donc la vigilance est de mise. Mais si vous êtes alertes, on le trouve à bon prix sur Internet!
Sylvain Lupari (25/02/15) ***½**
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