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Writer's pictureSylvain Lupari

VANGELIS: The City (1990) (FR)

The City a divisé les fans et critiques avec une solide palette de sons qui portent autant de styles qu'il y a de titres

1 Dawn 4:16 2 Morning Papers 3:55 3 Nerve Centre 5:30 4 Side Streets 4:12 5 Good to See You 6:51 6 Twilight 4:57 7 Red Lights 3:55 8 Procession 9:33 EastWest | 9031-73026-2

(CD/SPOTIFY 43:08) (E-Rock, cinematic, down-tempo, etc...)

Autant le dire d'emblée, je n'ai pas vraiment accroché sur cet album de Vangelis. À l'époque je l'avais trouvé soit trop mou, mis à part le tonitruant Nerve Centre, ou trop ambiosphérique. J'avais aussi cette étrange sensation que Vangelis voulais réécrire un tout nouveau Blade Runner qui se détache du film de Ridley Scott. Et il faut dire que Direct était…un peu plus direct. L'écoute et la l'écriture de la chronique de l'album Future City de Lunar Synth a réveillé en moi des flashes de cet album et j'ai trouvé que l'occasion était toute dessinée afin d'en parler. Et, j'imagine que les années aidant, j'ai redécouvert un univers plus enchanteur que rébarbatif. Je crois que la grande force de THE CITY réside dans son enveloppe sonique. Vangelis réussit habilement à créer l'illusion, sonore, d'une journée dans la vie d'un personnage dans une grande ville. Dawn débute comme un soleil qui se réveille sur une ville. Le titre est très soporifique avec ses harmonies à la Blade Runner qui caresse des carillons anémiques. Ambiant et mélodieux, Dawn flotte comme les ombres de notre éveil jusqu'à ce que des pas nous amène à la fenêtre et que Roman Polanski murmure que c'est la ville à l'horizon et qu'Emmanuelle Seigner réponde : C'est beau Roman! Composé et enregistré dans un hôtel de Rome, lors du tournage du film Bitter Moon de Roman Polanski, THE CITY se démarque par son approche conceptuelle sur la vie urbaine et les ambiances des grandes mégapoles. Ce faisant, Vangelis saute d'un genre à l'autre. D'un rock électronique pompeux à des down-tempos parfumés d'une enveloppe New Age, déstabilisant et divisant chroniqueurs et fans. Et comme bien souvent, c'est bien plus tard que l'on constate qu'une grande œuvre nous est passée sous le nez.

Bruits de sirènes, des pas, des carillons et des voix hétéroclites ouvrent le doux Morning Papers. L'approche est d'un genre lounge avec des tintements, par moments on dirait la marche d'un cocher, qui dessine un beat morphique sous les bruissements d'une pluie incertaine. Des accords carillonnés étendent des harmonies tout aussi incertaines alors que des lignes de synthé maculent les ambiances avec des tonalités flûtées. Les grosses caisses s'animent alors que Morning Papers se dirige vers les gros riffs de guitare électronique de Nerve Centre. À mes yeux, ou oreilles, jamais un rock électronique n'aura été plus tranchant qu'ici. On fait du head-banging. On suit les grosses percussions et ses riffs qui se transforment en lourdes harmonies, alors que Vangelis redirige sa structure vers un genre de symphonie désarticulée où voix angéliques et grégoriennes font survoltées un rythme qui, après un bref passage séraphique, percute les rebords de la dissonance avec une pompeuse finale orchestrale totalement déjantée. J'avais bien aimé la première fois. Et j'adore encore plus aujourd’hui! Side Streets présente une structure de rythme ambiante qui suit des orchestrations fluides. Les percussions tablas ajoutent un peu de nervosité à ce rythme tout délicat qui suit les courbes des violons. Et comme Vangelis est Vangelis, la structure est malmenée par des éclats de percussions et d'orchestrations qui finiront par avoir le dessus sur sa finale. Good to See You présente une structure de rythme un peu semblable. Plus fluide et moins écorchée par des éclats dramatiques, le rythme s'accroche à de bonnes percussions mais aussi à ces lignes de synthé qui ondulent comme une marée de vents linéaires. Et Vangelis est comme un chef qui pimente son plat de tonalités hétéroclites. Des tonalités scintillent ou pétillent un peu partout mais sans jamais rien enlever à cette mélodieuse ligne de synthé qui dégage un harmonieux parfum de flûte. La voix de Kathy Hill ajoute un petit quelque chose que l'on défini assez difficilement mais qui laisse indéniablement son empreinte. Twilight est le plus ambiant des titres de THE CITY. Des accords d'un genre de kyoto transpirent la nostalgie dans des brises urbaines et des clapotis de synthé qui oscillent avec la lourdeur de la mélancolie. Si Twilight est tranquille, Red Lights est totalement déroutant. Orchestrations saccadées, voix de poupées nipponnes surréelles, lignes de synthé aux tonalités de saxophone auquel on aurait bouché le bec avec un cornet et grosses percussions pompeuses, Red Lights ondule sur une structure de rythme trop diversifiée pour en savourer son délicat soupçon de jazz. C'est très cosmopolitain et assez contagieux. C'est aussi une savoureuse entrée pour le magistral Procession et son violon qui larmoie sur une structure semi ambiante et dont le crescendo orchestrale reste unique à la signature de Vangelis. C'est toute une façon de terminer une journée assez mouvementée dans une ville aux dimensions qui respectent l'imagination de l’intemporel Vangelis.

Sylvain Lupari (8 Novembre 2014) *****

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