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Writer's pictureSylvain Lupari

VARIOUS PATCH WORK MUSIC: Close Encounters of Electronic Music (2005) (FR)

Il y a de tout dans cette compilation qui se dessine pourtant sur seulement 6 artistes

1 Witche's Trance (Awenson) 10:29

2 System Merge Part I (Nightbirds) 10:25

3 La Dixième Dune (Bertrand Loreau)10:01

4 Libourne Dream's (Olivier Briand) 10:12

5 Live at L. - The First Step (Christian Richet) 10:41

6 Fairway/Seabirds (JC Allier) 10:26

(CD 62:28)

(Berlin School/French School)

Décidemment, la MÉ Française est belle et bien de retour et s'apprête à traverser ses frontières. Ça fait un bail que je vous écris de Patch Work Music, une association musicale mise sur pied par Olivier Briand et Bertrand Loreau afin de promouvoir la MÉ progressive française et de ses nombreux artistes qui apportent une touche très Française à l'univers de la MÉ. CLOSE ENCOUNTERS OF ELECTRONIC MUSIC est un enregistrement d'un festival tenu à Libourne les7 et 8 août 2004 où artistes et public pouvaient échanger sur la musique actuelle. Cet évènement musical est une initiative d'Olivier Bégué, le grand manitou de Cosmiccagibi et réunissait 6 artistes dont les styles très différents se fondent en un maillage des plus hétéroclites sur un album qui risque d'en surprendre plus d'un.

Le coup d'envoi est donné par Awenson, à l'époque connu sous le pseudo d'Awen, et le cœur de son bouillant Witche's Trance de l'album Shadows qui est un puissant mélange des styles de Klaus Schulze et Tangerine Dream des années vintage. Ici il n'y a pas d'intro planante. Witche's Trance déboule à grands coups de séquences lourdes dont les accords gambadent sur un mouvement ondulant. Les tam-tams martèlent un rythme résonnant dont les échos sont survolés par des couches de synthé acides et métalliques. Des synthés qui déchirent une lourde ambiance psychédélique à coups de griffes sonores. Le rythme est furieux et crache ses séquences et percussions débridées qui sont entourées d'incroyables solos torsadés d'un synthé lourd et nasillard. Tout simplement puissant, même si extrêmement minimaliste! Suit un beau carrousel minimaliste en System Merge Part I de Nightbirds, un groupe dont c'est la toute première fois que mes oreilles croisent la musique. Calme et envoûtant, avec quelques éclats de cymbales, System Merge Part I tourne délicatement sur des séquences et arpèges qui sautillent légèrement parmi de belles nappes mellotronnées. Cette danse giratoire des arpèges se perd dans une brume garnie de lamentations et de stries métalliques. La finale arrive avec une vision plus atmosphérique qui se remplie d'une multitude d'effets sonores composites et expérimentaux qui gâche un peu la beauté de son intro. L'intro de La Dixième Dune est remplie de cette fusion de sons argentés qui s'entremêlent à de délicates couches d'un doux synthé romanesque. Un synthé d'où émerge une sonorité flûtée qui survole une série de séquences créant un rythme hésitant qui avance à tâtons, laissant libre cours au style mélodieux très fluide de Bertrand Loreau. Subtilement, toute cette introduction aux harmonies fragmentées converge vers une structure aux mélodies divisées qui coule avec une douceur effarante sous un doux synthé et un chapelet de séquences scintillant d'une multiplicité d'accords aux doubles qui font écho sur un fin rythme aux pulsations hypnotiques. Et vers la finale, les cordes de violons déchirent cette envoûtante marche arythmique avec de doux mouvements lents et poignants, laissant place à une délicate séquence qui tournoie avec sensibilité, dépeignant tout l'univers romanesque de Bertrand Loreau.

Libourne Dream's d'Olivier Briand est sans doute la plus grande surprise de ce concert. C'est un titre d'une étrange complexité où les approches rythmiques diffèrent sous de superbes influences de Tangerine Dream des années Hyperborea et Poland. Un titre très alambiqué de par ses phases qui s'enchaînent, Olivier reproduit ce côté hybride de TD (No Man's Land et Tangent) sur des atmosphères d'une jungle surréaliste, des rythmes en constante permutation et de superbes amalgames séquences/percussions électroniques. Très bon et surtout très impressionnant! Je ne me souviens pas d'avoir entendu un artiste arriver si près des sonorités du Dream des années Poland. Il y a bien eu Danger in Dream, mais ce Libourne Dream's est très différent. Surtout avec ses violons désaccordés qui empruntent les sentes des Beatles des années Sgt Pepper. Tout simplement génial! Chapeau Olivier… Christian Richet est tout un personnage dans l'univers de la MÉ française. Très imprévisible, il est capable de mélodies comme de cacophonie. Ici avec Live at L. - The First Step, il offre une puissante et étrange marche cacophonique teintée d'un délire paranoïaque édifiant. De lourdes pulsations en dressent le canevas et des strates de mellotrons tombent comme des haches pour déchirer ce passage secret que prennent les désespérés, tentant d'échapper à la main noire. Horrifiant et extrêmement inconfortable, l'ambiance qui règne à travers ce titre démoniaque est d'une lourdeur et métallicité à couper tous les souffles réunis, même si la finale jette un brin d'harmonie. Une harmonie sèche et saccadée qui tente elle aussi de fuir ce rythme infernal. Fairway/Seabirds de JC L'Allier est un titre en deux mouvements. Fairway est un puissant mouvement minimalisme avec de fortes frappes séquencées qui pianotent lourdement un rythme circulaire. Des accords de clavier/synthé dansent, chantent et se courtisent sur un mouvement circulaire qui tourne jusqu'à se noyer dans les vagues de Seabirds et de sa superbe approche d'un synthé flûté mélancolique qu'un non moins splendide piano accompagne de ses nostalgiques notes qui tombent comme fondent les larmes des âmes.

CLOSE ENCOUNTERS OF ELECTRONIC MUSIC porte admirablement son titre car on y découvre une impressionnante variété de MÉ. Honnêtement, et sans complaisances, je ne vois pas comment on pourrait ne pas aimer cet opus tellement il couvre un vaste terrain de MÉ. Il y a de tout dans cette compilation qui se dessine pourtant sur seulement 6 titres; de l'ambiant stationnaire à des rythmes crus, sauvages et noirs à de longues envolées mélodieuses qui sied bien les tempéraments variés qui peuvent nous habiter. Il y a des réminiscences d'un Berlin School vintage tout comme celles des derniers coups de génie du Dream. C'est une excellente compilation qui démontre qu'il se passe effectivement bien des choses dans les terres de Jean-Michel Jarre, Space Art, Frédéric Mercier et autres pionniers de MÉ des années 70.

Sylvain Lupari (19/07/11) ***½**

Disponible chez Patch Work Music

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