“Hautement recommendable, Avoidance est la surprise de 2011”
1 Avoidance I 15:55
2 Avoidance II 7:30
3 Faded Away 6:13
4 The Dark Ages 10:41
5 St. Anthony's Fire 6:29
6 Avoidance VI 13:39
(CD 60:27)
(Dark Berlin School)
Ce n'est pas parce que c'est Void que ça veut dire vide. Ô que non! AVOIDANCE marque le retour de Void après une absence de près de 15 ans, et d'un seul album, éponyme, paru en 1997. Et c'est un très beau retour pour Danyo Romijn qui présente un superbe album. Un album assez surprenant même qui est présenté dans une pochette inspirée d'une peinture du peintre Matthias Grünewald, The Temptation of St. Anthony dont les aboutissants se profilent tout au long de cet album. Le synthésiste Hollandais offre 6 titres bien balancés qui s'enlacent dans des ambiances cosmiques à la Jean-Michel Jarre où les rythmes sont allumés par de bonnes séquences lourdes qui sautillent et palpitent dans une discordante symétrie avec des lignes de synthé en parallèle qui s'entrecroisent et se faufilent dans des ambiances sombres et brumeuses. Des ambiances tant chtoniennes que cosmiques truffées de belles approches mélodieuses, moulées dans des synthés autant rêveurs que vindicatifs. Préparez vos oreilles à une agréable surprise que personne, mais personne n'attendaient. Voici Void et voici AVOIDANCE!
Une onde de synthé imprégnée d'une profonde approche mélancolique ouvre Avoidance I. Elle ondoie dans une intense brume de tristesse, éveillant un délicat piano qui asperge l'univers de ses notes rêveuses dont l'incertitude plane parmi de sombres réverbérations. On entend au loin un lourd mouvement séquentiel qui se dandine dans les poudres des résonnances, augmentant graduellement le pas pour aboutir vers une autre séquence aux accords ascendants. C'est dans un univers de brume et sous les pénombres des lames d'un synthé qui libère de discrets mais secs arrangements orchestraux que le rythme se détache de sa lourde intro abyssale. Les séquences sont lourdes et juteuses. Elles sautillent et palpitent dans un ballet qui va en décroissant. Elles irradient un rythme de plomb qui progresse vers de bonnes frappes de percussions. Le rythme est plus incisif. On y reconnaît les influences des séquences pulsatrices et tambourinées de Jean-Michel Jarre, dactylographiant un rythme qui avance avec fermeté sous cette brume aux mouvements sinueux et de bons solos d'un synthé très agressif. Le mouvement s'atténue à 8:39, embrassant une phase lunaire d'où s’échappe cette délicate ligne de piano qui étale ses notes avec un romantisme noir dans un cosmos strié d'effets sonores cosmiques. C'est un envoûtant passage d'une étrange quiétude qui sort de son enveloppe morphique avec de lourdes séquences dont les lentes et résonnantes oscillations sont jointes par ce piano, sonnant le glas de la tendresse et replongeant Avoidance I vers un rythme plus sec. Un rythme arqué sur des percussions électroniques dont les frappes systématiques sont enfouies sous de belles nappes mélodieuses et de superbes solos. C'est vrai que cela ressemble à du très bon JM-Jarre. Avoidance II coule avec plus de douceur. Un chaleureux mouvement séquencé ondule de ses fins ions qui sautillent dans une belle cohésion harmonieuse. De lourdes pulsations résonnent et enveloppent ce mouvement d'une étrange aura chtonienne que des couches de mellotron renforcent. Nous sommes dans un univers sombre et ténébreux, au carrefour de ['ramp], Redshiftet Tangerine Dream avec cette envoûtante procession où la progression est soutenue par de fines percussions et des séquences plus nerveuses qui palpitent sous de fluides harmonies et une couche de cette fascinante brume gothique. De fins arpèges cristallins tintent pour mouler la délicate mélodie suspendue de Faded Away qui flotte avec une ténébreuse sérénité dans un univers rempli de pulsations et d'ondoyantes ondes d'un synthé aux mouvements rotatoires.
La lente intro de The Dark Ages semble sortir d'un Western intergalactique, ou abyssal, avec ses lignes de synthé qui confrontent leurs sonorités dans un désert de brume. L'ambiance est suffocante et s'anime avec de lourdes pulsations qui sculptent un lent mouvement oscillatoire, ondulant à l'ombre des lamentations hybrides d'un synthé en mode Redshift. D'ailleurs tout transpire le sordide univers de Mark Shreeve sur ce superbe titre où la latente progression rythmique évolue dans une ambiance caverneuse avec de sinueuses couches d'un synthé de brume. Ces brumes jettent un halo de mystère obscur sur ce titre ondulant de ses séquences tant limpides qu'étouffées et qui marivaudent à l'ombre de superbes solos intrigants. Après une brève intro nourrie de sombres souffles torsadés, St. Anthony's Fire crache des séquences avec des tracées parallèles qui se rejoignent et s'entrecroisent dans une furieuse et lourde approche rythmique. Des séquences et encore des séquences; grasses, juteuses, limpides et résonnantes. Elles sautent, pulsent avec frénésie et s'entrechoquent dans un agressif ballet électronique où la symbiose n'est pas vraiment à l'agenda. Le titre évolue avec une lourde rythmique dont les larges oscillations sont happées par des synthés qui en épousent les courbes. Des lignes de synthé qui papillonnent, ondulent et bourdonnent furieusement autour de ce capharnaüm séquentiel, forgeant tout autant de belles approches mélodieuses que de longues boucles paniquées par tant d'indiscipline rythmique. Fumant! Cette ambiance ténébreuse et survoltée se poursuit sur Avoidance VI, qui clôture ce dernier opus de Void avec une approche pilonnée par des séquences pulsatrices qui permutent avec autant de subtilité que de férocité sur un axe rythmique plus intense que sur Avoidance I. Les synthés sont aussi violents que les séquences peuvent être assassines. Ils crachent de lourds solos, de stridentes boucles, des mélodieuses nappes saccadées et de bouillonnantes lignes entrecroisés aux tonalités de spectres déchainés qui sillonnent une structure en constante ascension rythmique, laissant de la place à cette ondoyante brume chtonienne qui flotte et enveloppe ce rythme dont les variations sont aussi agressives que mélodieuses. C'est étonnement lourd et intense. Et devinez quoi? Le tout se termine dans une étrange délicatesse. Un peu comme Dracula jouant une envoûtante mélodie létale au piano, alors que sa belle attend la morsure finale. Clouant définitivement l'album le plus lourd et le plus sombre de 2011.
Ouf! Avec ses rythmes lents et explosifs, ses ambiances lourdes et évolutives, ses séquences endiablées et tapageuses, ses synthés incisifs et mélodieux, AVOIDANCE est la surprise de 2011. C'est un album inattendu, venant d'un artiste que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam et qui nous pète en plein dans les oreilles sur des structures aussi savoureuses que tordues. Voilà ce qu'est AVOIDANCE! C'est un fumant mélange des rythmes et ambiances sombres tirés des influences que Danyo Romijn soutirent des œuvres contemporaines de ['ramp], RMI et Redshift pour les mélanger à celles plus classiques de Jean-Michel Jarre et Tangerine Dream. Un tel cocktail ne peut donner qu'un excellent album qui saura séduire tous les fans de MÉ. Hautement recommandable!
Sylvain Lupari (05/12/11) ****½*
Disponible au site web de Void
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