“C'est un bel opus qui fait une bonne transition entre le Berlin School hypnotique et l'England School plus rock”
1 Part One 14:36
2 Part Two 21:13
3 Part Three 24:31
(CD/DDL 60:14) (V.F.)
(Berlin & England School)
Composé de Michael Shipway et Steve Smith, Volt est un duo anglais qui surgit dans une renaissance de la England School avec l'émergence d'une flopée de musiciens attirés par les improvisations de la Berlin School des années 70. Il y a une influence qui relie tous ces nouveaux groupes; Tangerine Dream, principalement lors des tournées 73 à 83. Et comme Arcane, Volt voulait réinstaurer une auréole légendaire autour de leur entité en s'identifiant de noms fictifs. Ainsi, ce sont plutôt les noms de Stefan Schmidt et Brian Raymond qui figuraient sur le premier CD-r du duo. C'est Ron Boots qui s'est emparé des droits pour son label Groove. THE FAR CANAL sortait sur son label au début 2003. Ce premier album est construit sur la base de l'improvisation, en concert et en studio, où le duo avait préalablement enregistré les mouvements du séquenceur et la toile des ambiances.
Une intro fantomatique ouvre Part One. Une onde spectrale aux douces oscillations gaufrées d'accords cristallins sort tranquillement de son ombre avec une séquence qui roule en cascade, instaurant un rythme spasmodique. Une ligne de basse se greffe à cette structure qui devient plus musicale avec les couches de synthé qui nous amènent doucement sur un océan de voix mellotronnées. Superbe, ce mellotron enrobe et moule Part One d'une sérénade électronique qui valse sur des séquences dont les permutations font tinter leurs tonalités de verre qui se fondent dans une finale très éthérée. Une finale songée avec ces couches de synthé qui planent et ce mellotron qui nous enveloppe d'une chorale séraphique et d'une flûte à nous faire rêver. Une bonne pièce d'ouverture qui montre les couleurs de Volt qui fortement inspiré par l'univers des séquences et des improvisations de la Berlin School en y introduisant un volet plus romanesque. Sans défoncer les balises d'une Berlin School traditionnelle, Michael Shipway et Steve Smith marchent sur les traces d'une MÉ conventionnelle qui rassemble tous les éléments nécessaires pour harmoniser ce style musical au rock électronique Anglais. Part Two exploite cette avenue avec une intro chaleureuse où le mellotron est maître avec ses souffles hypnotiques sur des réverbérations cycliques. L'atmosphère est lourde et étrangement flottante avec des percussions feutrées qui ne dirigent aucun rythme mais insufflent une ambiance intrigante sur une toile d'ambiances ocrées. C'est un Berlin School rêveur avec une saveur métallique. Part Three est la pierre angulaire de cet album. Une intro très atmosphérique, riche en sonorité sombre et cosmique, se dégage d'un synthé aux souffles d'un mellotron enveloppant de ses nappes denses. Des solos de synthé torsadés se hissent à travers cette brume mellotronnée avec leurs souffles tantôt symphoniques et tantôt spectraux. Le voile brumeux du mellotron se dissipe, laissant libre cours à une superbe séquence qui sonne le glas avec une approche timide avant d'exploser avec des pulsations névrotiques qui voltigent dans une lourdeur atmosphérique tissée par une fusion synthé/mellotron. Des solos percent cette densité sonore avec des mouvements bouclés, des lamentations feutrées et effilées qui se détachent d'une séquence de plus en plus lourde se frétillant dans un univers sonore éclectique brillamment attendri par un mellotron enveloppant.
Comme premier album, THE FAR CANAL fait la job! C'est un bel opus qui fait une bonne transition entre le Berlin School hypnotique et l'England School plus rock. J'ai bien aimé, même s'il y a quelques longueurs qui auraient pu être mieux remplies. Mais au final, c'est bien! Entre les douceurs flottantes des années analogues et la férocité mordante de la English School, il est le début, j'espère, d'une cette grande aventure musicale.
Sylvain Lupari (07/10/08) ***½**
Disponible chez Groove NL
Comments