“Définitivement un album à posséder si vous voulez avoir le meilleur aperçu possible de l'évolution de la England School”
1 Wavestar 7:00 2 Departure 3:35 3 Zenith 11:03 4 Osaka Hai 10:58 5 Melanie 8:47 6 Time Node 12:02
(CD 53:38) (Melodious EM in the TD's 80's style)
Enregistré lors du tout premier concert de Wavestar au Sheffield UKE '85, LIVE at UKE 1985 propose plus de 50 minutes d'une MÉ qui se situe au cœur de la métamorphose de Tangerine Dream soit la tournée 86 qui suivait l'album Le Parc. John Dyson et Dave Ward-Hunt ont pigé dans les 2 premiers album de Wavestar, Mind Journey et Zenith, pour cet évènement où les 2 musiciens avaient des papillons dans le ventre. Je ne connais pas vraiment ces 2 albums! C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert de la très bonne musique dominée par les synthés par un duo qui semble être passé en coup de vent dans le vaste univers de la MÉ. Une vidéo, que l'on trouve aisément sur YouTube, existe de ce concert. La qualité est disons…moyenne! Et c'est un peu ce qui m'a fait un peu peur lorsque j’ai commencé à écouter le premier titre. La qualité sonore est comme un bon bootleg qui provient d'une source d'enregistrement de l'audience. Mais comme on dit souvent, le meilleur est à la fin. Et ici, la fin dure près de 45 minutes où Wavestar interprète brillamment les points de repère de l'album Zenith.
C'est le titre Wavestar, de l’album Mind Journey, qui débute LIVE at UKE 1985. L'introduction est familière aux ambiances pour le genre et les rythmes progressifs de la MÉ. Deux nappes entrecroisent leurs différences tonales avec de lents mouvements flottants avant qu'une ligne de séquence dynamique bouscule cette tendresse électronique avec son rythme vif. Des solos harmonieux flottent au-dessus de Wavestar, alors qu'en arrière-scène chatoient des accords et des riffs de clavier feutrés par la qualité de l'enregistrement. Mais les solos sont assez bien captés et leurs attaques chirurgicales caressent une structure animée dont les frétillantes oscillations du séquenceur s'éteignent dans une finale ambiosphérique plus musicale que l'introduction. La majorité des albums en concert dans l'univers de la MÉ efface la réaction des foules et les échanges entre les artistes et leurs spectateurs, mais pas ici. Ce faisant, on constate l'engouement progressif des centaines de spectateurs présents pour ce tout premier concert de Wavestar. Il manque beaucoup de minutes à Departure puisque le duo interprète son segment le plus animé par un séquenceur plus actif que dans Wavestar et dont les accords coulent avec la fluidité d'un train sillonnant les nébuleuses brumes des plaines soniques. La qualité de l'enregistrement atteint un niveau excellent avec la prestation de Zenith. Le décor, tissé par des nappes de brumes et de voix avec certains effets intrigants, enveloppe un mouvement statique du séquenceur. Il y a un bel effet de gradation émotif dans ces nappes qui deviennent ainsi porteuses de mélodies spectrales. Le séquenceur subdivise subtilement le mouvement stationnaire de son approche avec une autre ligne un peu différente, amenant une légère variation dans le rythme qui atteint un autre degré d'intensité, relativement tranquille, avec l'arrivée de percussions électroniques bien dosée. Les solos et la complicité entre les deux synthésistes devient la force de ce titre et de tout l'album.
Osaka Hai est construit un peu sur le même principe. Le séquenceur est un peu plus fluide avec des variantes dans son rythme mouvant qui sert de lit pour des solos de synthé teintés d'une approche autant sinistre que dramatique. Le décor tonal est garni de beaux effets brumeux et des chants de Mellotron qui ajoutent une touche ésotérique aux ambiances ainsi que des prismes scintillant. Melanie propose un rythme calqué sur une marche électronique avec quelques accrocs ici et là qui apportent des éléments séduisants à ces ions résonnants. Un rythme ambiant qui accueille de bons solos de synthés très harmonieux qui mélangent assez bien leurs différences tonales. Si un est plus sobre dans sa démarche, l'autre synthé harmonise ses solos avec des pointes d'émotivité dans ses brises plus aiguës. Les contrastes sont bien dosés. Le reste du décor est assumé par des nappes nébuleuses qui échappent des murmures de voix encastrées dans une opaque muraille de brume anesthésiante. Time Node termine cet enregistrement avec un autre duel entre synthés qui s'affrontent sur un rythme vif à la Chris Franke où percussions et séquences sont aussi en lutte. Les synthés sont dominants avec de beaux échanges, tant dans les solos que les effets. Et j'ai un petit faible pour celui qui est strident, mais pas trop, et dont les chants sifflotant sont aussi poignants qu'accrocheurs, alors que l'autre est nettement plus déchainé avec des attaques bien dessinées dans une finale à donner des frissons et le goût de m'aventurer encore plus loin dans le court univers de Wavestar. Et comme la réaction de l'audience le prouve, ce LIVE at UKE 1985 vaut le coût et devient un album à découvrir afin de compléter un peu mieux sa discographie de MÉ.
Sylvain Lupari (15/08/18) ***¾**
Disponible au John Dyson.com
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