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Writer's pictureSylvain Lupari

WELLENVORM: Toene des Nebels (2014) (FR)

Ceci est un superbe album d'ambiances cinématographiques sombres qui est tout à simplement génial

1 Toene des Nebels 9:46 2 Fliegende Sequenzen 6:45 3 Weinender Mond 7:49 4 Der Singende Sinus 8:13 5 Sequenzerliebe 5:43 6 Sonnenstahl 7:04 7 Herbststurm 6:35 MellowJet Records | CD-r wv1401 (CD-r/DDL 51:57) (Dark ambient beats a la Düsseldorf School, New Berlin School)

Une brise creuse souffle ses parfums lugubres alors que des pulsations rauques étalent ses rayonnements métalliques par des coups distancés. Toene des Nebels désenveloppe sa dense brume mystique où nos oreilles perçoivent difficilement des squelettes de séquences s'effilocher et des clameurs déformées, alors que des cliquetis résonnent comme des lignes de synthé difformes qui flottent en échappant les prémices d'une structure de rythme mou. C'est un genre de Chill, peut-être même du Groove, mélangé dans des vapeurs de Hip-Hop qui peu à peu prend forme avec une succulente ligne de basse, des battements de basses séquences plus accentuées et des gaz vaporeux qui font office de percussions inachevées. Vous avez là le pattern récurrent des rythmes flous qui se disputent les brumes des cimetières de TOENE DES NEBELS. Des lignes de synthé riches tissent le voile d'une ambiance glauque avec des ombres fantômes et des effets d'écho qui flottent avec un subtil parfum orchestral. Du haut de ses 10 minutes, la pièce-titre orchestre sa structure de rythme vaguement progressive avec des séquences qui oscillent lentement, comme dans une valse pour comateux, alliant leurs tons de gargouillis métalliques à des percussions toujours aussi imprécises, et parfois gazeuses, alors que les synthés ornent les ambiances d'une brume remplie de bruine industrielle et de réverbérations qui ondulent avec des cris perçants dans les tons. Toene des Nebels donne le ton à un album aussi attrayant qu'inattendu. Le bruit des brumes, le son des brouillards et les chants de bruines irisées qui perdent leurs éclats dans des ambiances glauques de cimetières; voilà de quoi retourne ce fascinant album où les structures de rythmes sont totalement dominées par les ambiances mortuaires de TOENE DES NEBELS. Notre esprit et nos sens naviguent dans un hallucinant décor sonique où tout nous semble irréel, tant tout est brouillon, comme dans nos plus célèbres cauchemars, où nous sommes plongés en pleine ambiances de films d'horreurs de série B.

C'est toute une surprise que cet album de WellenVorm, un projet d'Uwe Rottluff qui est un musicien synthésiste et surtout un sculpteur de sons et d'ambiances de Chemnitz en Allemagne. Il propose ici un album qui semble sortir des feux de l'enfer qui va vous déculotter à plusieurs niveaux. Si ce n'est pas aux niveaux des brillants jeux du séquenceur, ça sera par des ambiances qui sont d'outre-monde. Comme un véritable cinéaste sonique, Uwe Rottluff propose 8 histoires en sons, rythmes et ambiances qui sont en perpétuelles évolutions et qui sont de petites perles d'effroi. On pourrait aussi bien intituler cet album musique pour donjons. Les deux pôles de la MÉ s'affrontent ici avec une riche texture sonique où les séquences et leurs cabrioles sauvages sont complètement domptées par une muraille d'ambiances où les chants de brumes sont accompagnés par de suaves et très pertinentes orchestrations à faire frémir ceux qui écoutent cet album dans la noirceur la plus opaque. Les effets psychédéliques des synthés abondent avec des cerceaux imparfaits qui font rayonner leurs échos dans des brumes et des chœurs aussi psychotroniques que très sinistres. Ils ouvrent Fliegende Sequenzen et dorent son intro d'un dense voile morphique. Un mince filet de séquences fait rouler ses ions en arrière-plan, tissant une forme de ruisselet qui scintille comme les cordes d'une harpe derrière un lourd rideau d'ombres soniques instables. D'énormes ondes vampiriques étendent leurs ailes orchestrales dans un pattern d'ambiances torridement noir où le rythme dévoile une structure en constante tergiversation avec des séquences qui ruissellent dans des orgiaques ombres noires et des brusques saccades orchestrales. Weinender Mond est plus vif et plus animé que la pièce-titre mais offre un panorama musical tout autant édifiant de frayeur. Les séquences sont rondes, juteuses et désenveloppent des ondes de bruits blancs dans des cognements soutenus. Et la brume! Toujours aussi intense et apocalyptique que ses rideaux d'inquiétude qui séparent la chair vivantes des zombies. Nous restons toujours dans le théâtre de l'horreur avec Der Singende Sinus et son introduction à faire pâlir Peter Vincent dans le film Fright Night. Une fluide ligne de séquences s'extirpent de ces ambiances, faisant dérouler des ions qui dansent comme des squelettes d'invertébrés dont les sombres spasmes osseux serpentent des nuages de brume qui recouvrent les caniveaux des cimetières. Une mélodie macabre vient faire rouler ses notes vers la mi-temps, accentuant encore plus les ambiances ténébreuses de Der Singende Sinus. Des séquences lourdes défont les brouillards métalliques de Sequenzerliebe pour tournoyer lourdement avec des résidus de percussions dans un autre pattern de brouillard patibulaire. Le rythme est ambiant, même si les sauts des ions sont vifs, alors que les ambiances sont toujours tétanisantes et glaciales d'effroi. J'ai l'impression de me replonger dans ma mémoire et carrément dans les tombeaux souterrains de Phantasm, le film. Sonnenstahl propose une lente introduction remplie de chants de Trolls à l'agonie qui se mettent à courir en suivant le pas de lourdes séquences résonnantes. C'est un bon titre où le rythme se fait plus timide alors que Herbststurm, de loin le titre le plus puissant de TOENE DES NEBELS, conclut cet album avec un rythme soutenu, lourd et très genre film d'actions d'époques médiévales où les Trolls fuyaient la rébellion des archers géants. C'est tout un canevas où l'horreur est à portée, tant des oreilles que de l'imagination qu'elles nourrissent.

Très étonnant comme premier album, ce TOENE DES NEBELS de WellenVorm est un rendez-vous pour ceux qui veulent exploiter à fond les infinis chants de brumes qui s'échappent des ectoplasmes. Et là tout devient possible, selon les limites de votre imagination. Une chose est certaine, si les brumes chantaient réellement de cette façon, je ferai des pique-niques tard le soir aux portes des cimetières. Un très bel album. Audacieux et créatif, c'est à l'image des infinies possibilités des équipements de MÉ, tant analogue que numériques. Très bon!

Sylvain Lupari (30/09/15) *****

Disponible au MellowJet Records

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